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Informer ou militer, il faut choisir ! (La Fléchette de Fatoumata Harouna)

today11 septembre 2025 15

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Dans toutes les démocraties, le journaliste a une mission cardinale : informer sans parti pris, pour permettre aux citoyens de décider en toute liberté. Mais que penser lorsque certains d’entre eux s’affichent publiquement dans une campagne référendaire, soutenant ouvertement un « oui » ou un « non » ? Cette posture soulève une question centrale : le journaliste reste-t-il fidèle à son rôle, ou devient-il un militant comme les autres ?

La neutralité pour le journaliste est un principe non négociable !

Bien sûr, d’aucun me diront que dit ainsi, c’est impossible, mais il n’est pas question d’angle de traitement ou de l’intérêt qu’on a pour un sujet plus qu’un autre, c’est de l’impartialité,  de la déontologie même du métier.

Tournon nous vers la Charte de Munich, une référence mondiale. Celle-ci dès ses premières lignes rappelle que le journaliste doit « respecter la vérité » et garantir le droit du public à une information honnête. Pour mieux dire, la Fédération internationale des journalistes-FIJ insiste sur l’indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques et économiques. Ces principes ne sont pas de simples slogans : ils sont le socle même de la crédibilité du métier.
Un journaliste qui s’affiche dans un camp politique brise ce pacte de confiance. Dès lors, il ne peut plus prétendre incarner la neutralité, car il a choisi son drapeau.

Il ne s’agit pas de nier que le journaliste, comme tout citoyen, possède une opinion et un droit de vote. Mais exprimer ce choix dans l’intimité de l’isoloir est une chose ; l’afficher publiquement en est une autre. Car à partir du moment où il se déclare pour un camp, il brouille les lignes entre son rôle de professionnel de l’information et celui de militant. Et cette confusion fragilise le rapport de confiance avec son public.

Le capital le plus précieux du journaliste, c’est sa crédibilité. Chaque mot, chaque analyse, chaque reportage, chaque article sera désormais lu à travers le prisme de son engagement. Le risque est alors que son travail soit perçu non comme une information, mais comme une propagande. Or, sans confiance du public, il n’y a pas de journalisme possible.

Certains défendront l’idée d’un « journalisme engagé », surtout dans des moments décisifs de l’histoire nationale. Mais alors, il faut l’assumer pleinement : en choisissant de prendre parti, on sort du champ du journalisme pour entrer dans celui du militantisme. Rien ne l’interdit, mais tout impose de clarifier la posture : on ne peut pas être juge et partie.

Valable pour ceux qui sont peut-être au chômage par la bonne grâce de la baïonnette. Qu’on soit informé de leur rupture d’avec le métier pour éviter les confusions de rôles.

Encore une fois, le rôle du journaliste n’est pas de dire au citoyen quoi voter, mais de lui donner toutes les clés pour voter en toute conscience. S’afficher dans une campagne, c’est trahir cette mission.

La Fléchette de Fatoumata Harouna

Écrit par: Fatoumata Keita

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