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Rapport 2024 d’Amnesty International : la Guinée lourdement accablée

today30 avril 2025 8

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Les autorités ont intensifié la répression de l’opposition pacifique. L’interdiction totale des manifestations est restée en vigueur, et les forces de sécurité ont usé d9une force excessive pour disperser des manifestations. L’accès à Internet a été restreint, et plusieurs stations de radio et chaînes de télévision se sont vu retirer leurs autorisations d’émettre. Des militant·e·s ont été placés en détention arbitraire ou soumis à une disparition forcée. Huit hommes ont été déclarés coupables de crimes contre l’humanité à l9issue du procès relatif au massacre du 28 septembre 2009.

CONTEXTE

Les sanctions imposées par la CEDEAO depuis le coup d9État de septembre 2021 ont été levées en février. Un projet de nouvelle Constitution a été présenté en juillet. Le régime de transition en place depuis le coup d9État de 2021 n’a pas pris un en 2024 comme prévu dans l9accord entre les autorités guinéennes et la CEDEAO. Le pays a connu des coupures de courant répétées en raison de l9explosion d9un dépôt de carburant en décembre 2023, ce qui a entraîné une hausse des prix des denrées alimentaires et du carburant pour les ménages et a perturbé l9activité économique. LIBERTÉ DE

RÉUNION PACIFIQUE GUINÉE

Les autorités ont intensifié la répression de l’opposition pacifique. L’interdiction totale des manifestations est restée en vigueur, et les forces de sécurité ont usé d9une force excessive pour disperser des manifestations. L9accès à Internet a été restreint, et plusieurs stations de radio et chaînes de télévision se sont vu retirer leurs autorisations d9émettre. Des militant·e·s ont été placés en détention arbitraire ou soumis L9interdiction totale des manifestations prononcées en mai 2022 était toujours en vigueur, mais des manifestations de soutien au président ont été autorisées. Le 17 janvier, le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation a menacé de suspension ou d9annulation de leur agrément des partis politiques et des organisations de la société civile qui dénonçaient l9interdiction des manifestations. Malgré cette interdiction, des manifestations ont été organisées mais elles ont été réprimées avec violence ; plusieurs manifestant·e·s ont été tués ou grièvement blessés. Le 26 février, le mouvement syndical a entamé une grève pour réclamer la baisse des prix des produits de première nécessité, la une de la censure des médias et la libération d9un journaliste syndicaliste. Dans le district de Tamouya (préfecture de Boffa), un manifestant de 17 ans a été abattu, semble-t-il par les forces de sécurité. Le 12 mars, une coupure de courant dans la ville de Kindia a entraîné des manifestations au cours desquelles deux garçons de 8 et 14 ans ont été tués par balle ; les forces de sécurité pourraient être à l9origine des coups de feu mortels. Le procureur du tribunal de première instance de Kindia a annoncé l9ouverture d9une enquête sur ces homicides. Au moins 47 manifestants ont été tués entre septembre 2021 et le 15 mars 2024.

LIBERTÉ D9EXPRESSION ET D’ASSOCIATION

Les autorités de transition ont continué de restreindre l9espace civique. Le 21 mai, le ministre de l9Information et de la Communication a ordonné l9annulation des autorisations d9installation et d9émission des stations de radio FIM FM, Espace FM, Sweet FM et Djoma FM, ainsi que des chaînes de télévision Djoma TV et Espace TV, pour « non-respect du contenu des cahiers des charges ». Les restrictions d9Internet imposées en novembre 2023 ont été levées en février. Le 2 septembre, le ministère de l9Administration du territoire et de la Décentralisation a suspendu pour quatre mois le renouvellement de l9agrément de plusieurs ONG, le temps de vériûer que leurs activités étaient conformes à leurs statuts.

DÉTENTION ARBITRAIRE

Le 18 janvier, au moins neuf journalistes ont été arrêtés lors d9une manifestation organisée à la Maison de la presse pour demander « la libération des ondes des médias brouillés et le rétablissement de l9accès aux réseaux sociaux en Guinée ». Ils ont été relâchés le lendemain, tandis qu9un autre journaliste, Sekou Jamal Pendessa, était arrêté. Il a été condamné le 28 février à trois mois d9emprisonnement, dont deux avec sursis, par la cour d9appel de Conakry, qui l9a libéré immédiatement car il avait déjà passé un mois en détention.

DISPARITIONS FORCÉES

Le 9 juillet, Omar Sylla, Mamadou Billo Bah et Mohammed Cissé, tous membres du Front national pour la défense de la Constitution, ont été arrêtés au domicile d9Omar Sylla. Selon Mohammed Cissé, qui a été libéré le lendemain, les trois hommes ont été arrêtés par les gendarmes et détenus par des membres des forces spéciales sur l9île de Kassa. Mohammed Cissé a été violemment agressé et a affirmé que tous trois avaient été 232 torturés pendant leur interrogatoire. Dans une déclaration en date du 17 juillet, le parquet général de la cour d9appel de Conakry, la capitale, a indiqué que ces militants n’avaient pas été arrêtés par les autorités et qu9ils n9étaient détenus dans aucune prison du pays. À la une de l’année, Mamadou Billo Bah et Omar Sylla faisaient toujours l9objet d9une disparition forcée. Le journaliste Habib Marouane Camara a été arrêté par des gendarmes le 3 décembre, selon des témoins, et on ignorait toujours où il se trouvait à la une de l’année. Les autorités ont déclaré ne pas avoir connaissance de son arrestation.

CONDITIONS DE DÉTENTION INHUMAINES

Le 5 mai, trois personnes sont mortes dans des locaux disciplinaires de la gendarmerie et de la police « en raison de la canicule intense que [connaissait] le pays depuis 72 heures », selon le ministère de la Justice et des Droits de l9homme. Le procureur militaire de Conakry a annoncé le 25 juin la mort de l9ancien chef d9état-major des armées Sadiba Koulibaly, survenue le 22 juin. Cet homme avait été arrêté le 4 juin et condamné à cinq ans d9emprisonnement pour « désertion et possession illégale d9armes4 ». Le parquet militaire a attribué sa mort à un arrêt cardiaque, mais l9avocat de Sadiba Koulibaly a déclaré que son client était en bonne santé avant son incarcération. Le HCDH a alerté sur les conditions de détention des mineur·e·s en Guinée. Selon son rapport paru en août, les enfants, souvent emprisonnés sans procès, étaient détenus dans des prisons surpeuplées et dans des conditions déplorables.

DROIT À LA VÉRITÉ, À LA JUSTICE ET À DES RÉPARATIONS

Le 31 juillet, huit personnes ont été déclarées coupables de crimes contre l9humanité par le tribunal pénal de Dixinn dans l9affaire du massacre du 28 septembre 2009, au cours duquel plus de 150 manifestant·e·s avaient été tués et plus d9une centaine de femmes soumises à des viols et d9autres violences sexuelles par des membres des forces de défense et de sécurité.

DROITS DES FEMMES ET DES FILLES

Selon un rapport de l’UNICEF paru en 2024, en Guinée, 95 % des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans avaient subi des mutilations génitales féminines. Il restait difficile pour les victimes de violences sexuelles d’accéder à des soins médicaux et psychologiques appropriés.

Écrit par: Fatoumata Keita

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