BCRG : des lettres non référencées du gouverneur Karamo KABA adressées au Emirates Minting Refinery (Episode 5 ENQUETE)

𝐔𝐧𝐞 𝐝𝐞́𝐫𝐢𝐯𝐞 𝐬𝐨𝐥𝐢𝐭𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐚𝐮 𝐬𝐨𝐦𝐦𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐁𝐚𝐧𝐪𝐮𝐞 𝐂𝐞𝐧𝐭𝐫𝐚𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐆𝐮𝐢𝐧𝐞́𝐞. 𝐃𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞 𝐜𝐚𝐝𝐫𝐞 𝐧𝐨𝐬 𝐞𝐧𝐪𝐮𝐞̂𝐭𝐞𝐬 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐦𝐞́𝐜𝐚𝐧𝐢𝐬𝐦𝐞𝐬 𝐝’𝐞𝐱𝐩𝐨𝐫𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐥’𝐨𝐫 𝐠𝐮𝐢𝐧𝐞́𝐞𝐧, 𝐝𝐞𝐬 𝐝𝐨𝐜𝐮𝐦𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐮𝐥𝐭𝐞́𝐬 𝐩𝐚𝐫 𝐥’𝐞́𝐪𝐮𝐢𝐩𝐞 𝐝𝐞 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥𝐢𝐬𝐭𝐞𝐬 𝐝’𝐢𝐧𝐯𝐞𝐬𝐭𝐢𝐠𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐭 𝐚𝐜𝐭𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐨𝐜𝐢𝐞́𝐭𝐞́ 𝐜𝐢𝐯𝐢𝐥𝐞, 𝐫𝐞́𝐯𝐞̀𝐥𝐞𝐧𝐭 𝐥’𝐞𝐱𝐢𝐬𝐭𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐝𝐞 𝐝𝐞𝐮𝐱 (𝟐) 𝐜𝐨𝐮𝐫𝐫𝐢𝐞𝐫𝐬 𝐬𝐢𝐠𝐧𝐞́𝐬 𝐩𝐚𝐫 𝐥𝐞 𝐆𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫𝐧𝐞𝐮𝐫 𝐊𝐚𝐫𝐚𝐦𝐨 𝐊𝐚𝐛𝐚, 𝐚𝐝𝐫𝐞𝐬𝐬𝐞́ 𝐚̀ 𝐥𝐚 𝐬𝐨𝐜𝐢𝐞́𝐭𝐞́ 𝐄𝐦𝐢𝐫𝐚𝐭𝐞𝐬 𝐌𝐢𝐧𝐭𝐢𝐧𝐠 𝐑𝐞𝐟𝐢𝐧𝐞𝐫𝐲 (𝐄𝐌𝐑). 𝐃𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐮𝐫𝐫𝐢𝐞𝐫𝐬 𝐞𝐧𝐠𝐚𝐠𝐞𝐚𝐧𝐭 𝐥𝐨𝐮𝐫𝐝𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐥’𝐢𝐧𝐬𝐭𝐢𝐭𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧, 𝐬𝐚𝐧𝐬 𝐚𝐮𝐜𝐮𝐧 𝐣𝐚𝐥𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐯𝐚𝐥𝐢𝐝𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐫𝐞𝐪𝐮𝐢𝐬. 𝐔𝐧 𝐚𝐜𝐭𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐢𝐧𝐭𝐞𝐫𝐫𝐨𝐠𝐞 𝐬𝐮𝐫 𝐥’𝐞𝐱𝐢𝐬𝐭𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐝’𝐮𝐧 𝐬𝐲𝐬𝐭𝐞̀𝐦𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐚𝐥𝐥𝐞̀𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐝𝐞́𝐜𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧, 𝐞𝐧 𝐫𝐮𝐩𝐭𝐮𝐫𝐞 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐢𝐧𝐜𝐢𝐩𝐞𝐬 𝐟𝐨𝐧𝐝𝐚𝐦𝐞𝐧𝐭𝐚𝐮𝐱 𝐝𝐞 𝐠𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫𝐧𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐩𝐮𝐛𝐥𝐢𝐪𝐮𝐞.

Ces documents que nous publions en exclusivité, n’ont fait l’objet d’aucune référence administrative, ni d’enregistrement officiel au sein de l’institution, et n’ont pas été validés par les instances compétentes de la BCRG.

Il s’agit là d’une initiative personnelle, aux allures de transaction diplomatique secrète, portant sur le transfert de 𝟒 𝟒𝟓𝟕,𝟖𝟗𝟖 𝐠𝐫𝐚𝐦𝐦𝐞𝐬 𝐝’𝐨𝐫 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐁𝐂𝐑𝐆 𝐚̀ 𝐥𝐚 𝐬𝐨𝐜𝐢𝐞́𝐭𝐞́ 𝐄𝐓𝐒 𝐒𝐎𝐒𝐈𝐌 𝐒𝐀𝐑𝐋, 𝐩𝐫𝐨𝐩𝐫𝐢𝐞́𝐭𝐞́ 𝐝𝐞 𝐌. 𝐓𝐢𝐝𝐢𝐚𝐧𝐞 𝐊𝐨𝐢𝐭𝐚.

Dans une première lettre datée du 21 décembre 2023, le Gouverneur engage la Banque dans une opération à fort enjeu stratégique sans consultation du Comité de politique Monétaire, du Conseil d’administration, ni validation du Comité d’audit ou du Conseil de Cabinet. Une opération « hors circuit », selon les termes d’un haut cadre de la BCRG que nous avons pu joindre sous couvert d’anonymat.

Plus troublant encore, une deuxième lettre, signée la veille, le 20 décembre 2023, dans laquelle M. Kaba s’engage à fournir à EMR les documents de conformité sur l’origine de l’or, provenant de quatre sociétés partenaires de la BCRG dans le cadre de l’achat d’or brut. Il s’agit de :

• 𝐃𝐉𝐀𝐌𝐀 𝐆𝐎𝐋𝐃-𝐒𝐀𝐑𝐋
• 𝐎𝐑𝐈𝐄𝐍𝐓 𝐆𝐎𝐋𝐃 𝐒𝐀𝐑𝐋𝐔
• 𝐌𝐀𝐅 𝐆𝐎𝐋𝐃 𝐓𝐑𝐀𝐃𝐈𝐍𝐆 𝐒𝐀𝐑𝐋
• 𝐂𝐎𝐑𝐏𝐎𝐑𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐁𝐔𝐒𝐈𝐍𝐄𝐒𝐒 𝐒𝐀𝐑𝐋.

Il est explicitement question de procédures KYC (Know Your Customer), requises par les standards internationaux de conformité bancaire et de lutte contre le blanchiment de capitaux. Mais selon nos informations, aucun des documents annoncés n’a jamais été transmis jusqu’à date. Une promesse officielle restée lettre morte, exposant la BCRG à un risque juridique et réputationnel majeur sur la scène financière internationale.

Ces faits laissent entrevoir l’existence d’un système décisionnel parallèle, opaque, où les intérêts personnels semblent primer sur l’intérêt public, échappant à tout contrôle institutionnel. Une gouvernance de l’ombre, où la personnalité du Gouverneur supplante l’autorité de l’institution.

Un cadre de la Banque, joint à Conakry, déplore « 𝑐𝑒 𝑐𝑙𝑖𝑚𝑎𝑡 𝑑’𝑜𝑝𝑎𝑐𝑖𝑡𝑒́ 𝑒𝑡 𝑑𝑒 𝑑𝑒́𝑐𝑖𝑠𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑢𝑛𝑖𝑙𝑎𝑡𝑒́𝑟𝑎𝑙𝑒𝑠 𝑞𝑢𝑖 𝑓𝑟𝑎𝑔𝑖𝑙𝑖𝑠𝑒 𝑑𝑎𝑛𝑔𝑒𝑟𝑒𝑢𝑠𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑙’𝑒́𝑑𝑖𝑓𝑖𝑐𝑒 𝑚𝑜𝑛𝑒́𝑡𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑛𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑎𝑙 ».

Au-delà des dysfonctionnements internes, ce sont des enjeux internationaux considérables qui émergent en cas d’enquête judiciaire ou de contentieux lié à la provenance de l’or acheté par la Banque Centrale. Elle pourrait se retrouver au cœur d’un scandale à grande échelle, notamment en matière de blanchiment de capitaux et de non-respect des normes de conformité bancaire internationale.

La Guinée, déjà sous surveillance de plusieurs instances financières, pourrait voir sa crédibilité financière et monétaire lourdement entachée.

Ce qui se dessine n’est plus une simple irrégularité administrative, mais une véritable faille systémique. L’absence de traçabilité, de contre-pouvoirs, et de respect des procédures internes soulève une question centrale, combien de décisions similaires ont-elles été prises sans trace, sans contrôle, dans l’opacité la plus totale ?

La Banque Centrale est-elle encore gouvernée selon les principes de rigueur et de neutralité qui doivent prévaloir dans toute institution financière publique ?

Les prochains épisodes de cette série d’enquêtes promettent de mettre à nu des visages et des mécanismes frauduleux rarement vus dans les affaires de corruption et de détournements de fonds publics en Guinée.

Les lettres :

À suivre…

𝐄́𝐪𝐮𝐢𝐩𝐞 𝐝’𝐢𝐧𝐯𝐞𝐬𝐭𝐢𝐠𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧

𝐌𝐚𝐦𝐨𝐮𝐝𝐨𝐮 𝐁𝐚𝐛𝐢𝐥𝐚 𝐊𝐄𝐈̈𝐓𝐀

𝐀𝐛𝐝𝐨𝐮𝐥 𝐋𝐚𝐭𝐢𝐟 𝐃𝐈𝐀𝐋𝐋𝐎

𝐒𝐞́𝐤𝐨𝐮 𝐊𝐨𝐮𝐧𝐝𝐨𝐮𝐧𝐨