Les décrets du dimanche : la justice, socle ou vitrine du pouvoir ? (La Fléchette de Fatoumata Harouna)

Le pouvoir il se construit avec la justice. Les héros ne semblent pas omettre ce principe. Ainsi, on n’a pas attendu que la semaine commence pour jeter les dés. Les juridictions de la grande République connaissent de nouveaux magistères. C’est pour le plaisir des uns et au grand désarroi des autres.

Heureusement que les héros ne cherchent point l’unanimité. Pas encore !

Mais au-delà des émotions, la justice reste le cœur battant de toute transition. Elle incarne la promesse d’un État équitable, la garantie d’un contrat social crédible entre gouvernants et gouvernés. Chaque nomination, chaque décret, devrait alors être lu non comme une récompense, mais comme une responsabilité historique : celle de redonner foi à une institution trop souvent perçue comme instrumentalisée.

La justice n’a de valeur que si elle échappe à la main du pouvoir. Elle devient suspecte dès lors qu’elle sert à apaiser ou à punir selon les humeurs du moment. Ce que les Guinéens attendent aujourd’hui, ce n’est pas une justice « nouvelle » sur papier, mais une justice debout, indépendante, capable de dire le droit même quand le vent politique souffle fort.

Le décret présidentiel de ce dimanche n’est pas anodin. Il dessine une orientation, un signal. Reste à savoir s’il s’agit d’un pas vers la consolidation de l’État de droit ou d’un simple ajustement stratégique. Car au fond, ce qui fera la grandeur des héros, ce n’est pas le nombre de magistrats nommés, mais la confiance retrouvée d’un peuple qui n’en peut plus d’espérer la vraie justice.

La Fléchette de Fatoumata Harouna