Ecouter Soleil FM Soleil FM
Maître David Beavogui, avocat à la cour est revenu sur sa récente publication faite sur la sortie de Taliby Dabo, ancien coordinateur du RPG Arc-en-ciel dans la région de Kankan dans laquelle il dit : « Quelqu’un peut me dire en quoi les propos de Taliby Dabo sont-ils pénalement répréhensibles ? », avait posté l’avocat sur sa page méta.
Depuis cette publication, des commentaires sont allés dans tous les sens. Ce jeudi 28 août 2025, l’homme en robe noire a tenu à apporter des précisions sur sa sortie.
Aux 12 milliards de juristes.
Ma récente publication relative aux propos de Mr Taliby Dabo a provoqué de multiples réactions chez certains d’entre vous.
Les uns m’ont jugé sans me connaître ni m’écouter ; ils ont trouvé l’occasion tant attendue d’en découdre avec moi dans le but de me faire douter de moi-même, de porter atteinte à mon honneur et à ma crédibilité, de détruire mon image et ma réputation, certainement par haine ou jalousie.
Les autres, en revanche, ont joué à la sensibilisation, à l’apaisement. Ils ont estimé que je ne méritais pas cet acharnement pour avoir posé un débat strictement juridique au tour d’un sujet qui polarise toutes les attentions.
J’ai tout vu, j’ai tout lu, j’ai tout entendu et, rassurez-vous, vous m’avez encore rendu plus fort.
Le présent post n’est point une justification encore moins une explication. C’est un message de sensibilisation.
Contexte : depuis plus d’un an, des activistes de la société civile (Fonikè Mangué Menguè , Billo Bah, Habib Marouane et autres) ont fait l’objet d’enlèvement suivi de disparition forcée. Dans la foulée, le parquet général près la Cour d’appel de Conakry disait à travers un communiqué n’avoir aucune information sur les personnes enlevées tout en demandant aux citoyens de faire confiance en la justice avant de les inviter à témoigner au besoin.
Monsieur Taliby Dabo, homme politique influent de l’ancien régime du Pr Alpha Condé, qui vient de prêter allégeance aux autorités de la transition, lors d’une conférence de presse tenue à Kankan déclare en substance ce qui suit : <<ces personnes, je pense qu’elles sont en vie. Elles vivent bien, mangent bien et suivent les informations comme nous. Seulement pour des raisons de sécurité nationale, elles sont gardées en lieu secret. C’était des bras armés de l’ UFDG contre le régime de Pr Alpha Condé. Vous voyez, depuis qu’elles sont arrêtées, il y a la paix dans le pays. Il termine par demander où peut-on envoyer quelqu’un avant sa disparition ? >>
Ces propos ont provoqué une vague d’indignation tant chez les parents des victimes que chez les organisations de la société civile qui ont transcrit l’audiovisuel et appelé à l’interpellation de l’auteur pour que disent-ils, ce dernier leur montre où sont cachés nos compatriotes disparus.
Mon seul péché, source de mon incrimination, par les 12 milliards de juristes comme décrite ci-haut provient de la publication sur ma page facebook d’un post à travers lequel je m’interrogeais sur la qualification juridique des propos tenus par l’homme politique.
Pour me répondre, certains ont soutenu que Mr Taliby Dabo pourrait être passible de poursuite judiciaire soit pour des faits d’abstention délictueuse soit de non assistance à personnes en danger ou diffamation.
La seule question qui se pose est de savoir qui de l’Etat, des parents des victimes ou activistes de la société civile, sera la victime de ces infractions ?
Voyons l’hypothèse où le Procureur Général ferait engager, à la demande des activistes de la société civile des poursuites contre Mr Taliby Dabo pour diffamation. Mr Taliby Dabo sera arrêté à l’image de Mr Aliou BAH, jeté en prison. La société civile aura contribué à faire taire un témoin à jamais. Et vice-versa.
Dans les autres cas, l’infraction d’abstention délictueuse qui suppose le refus de porter à la connaissance de l’autorité judiciaire un crime ou d’un délit dont on a connaissance de la commission ne pourrait pas tenir du moment où le Procureur général est déjà informé du crime. Le délit de Non assistance à personnes en danger non plus puisque ce délit suppose qu’il n’y ait pas de risque pour la personne ou autrui lors de l’assistance. Du moment où l’on parle de personnes enlevées et disparues de force où le patron des forces de sécurité n’ose pas aller, c’est un citoyen qui va y mettre pieds pour ne plus revenir ?
En réalité, à travers ce post, j’avais voulu mettre en exergue une démarche strictement judiciaire.
J’ai voulais également démontrer que Mr Taliby Dabo n’est qu’un témoin qui a donné une indication aux enquêteurs pour trouver nos compatriotes disparus. Pour ce faire, il a besoin de protection non seulement de l’Etat, mais surtout des proches des personnes disparues. Il n’a pas à faire objet de persécution, d’intimidation, de menace ou à d’interpellation. Peu importe la posture dans laquelle ces déclarations ont été tenues. Un témoin est à protéger. Il doit être respectueusement invité par la justice. C’est différent de la convocation et de l’interpellation. C’est son refus de répondre à l’invitation régulièrement servie ou le faux témoignage qui sont constitutifs de delits passibles de poursuite.
Agir autrement, nous lançons un mauvais message de démotivation et de peur aux lanceurs d’alerte, aux bons citoyens qui collaborent, au risque de leurs vie avec les forces de défense et de sécurité dans la lutte contre le grand banditisme.
Mais hélas, la politique entrant par la porte, le droit a fui par la fenêtre.
NB : le droit n’est ni la religion, ni la morale, ni l’équité.
Maître David BEAVOGUI, Avocat à la cour
Écrit par: Samuel Demba DUOLAMOU
Copyright Soleil FM Guinée Illumine votre journée
Commentaires d’articles (0)