Trahison, parjure ou volonté du peuple ? (La Fléchette de Fatoumata Harouna)

Il s’est fait désirer, et bien moi aussi avant de donner mon avis. Un décor bien soigné : boubou blanc, sourire maîtrisé, cortège blindé. Le général président a officialisé sa candidature à la présidentielle de fin d’année. Un geste symbolique, attendu par certains, redouté par d’autres mais surtout, porteur d’une question qui divise : s’agit-il d’un acte de trahison, de parjure ou d’une réponse à la volonté populaire ?

Les discours d’il y a quatre ans, c’étaient : la refondation de l’État sinon pas se candidature pour les élections à venir. Le temps est passé, de l’eau a coulé sous le pont, et voilà, que la volonté de Dieu soit faite !

Pour les partisans, il s’agit d’une “évolution naturelle des choses”, la concrétisation du “vœu du peuple”. Alors que pour les amis d’en face, c’est une trahison pure et simple, un parjure politique masqué derrière le soutien orchestré de foules épuisées et manipulées.

Mais au-delà des émotions, cette candidature révèle l’éternelle fragilité des transitions sous le ciel des tropiques : des promesses d’alternance transformées en tremplins de pouvoir personnel.

La question n’est plus seulement de savoir si le colosse sera élu, mais dans quelles conditions ?

Car une élection ne vaut que par sa crédibilité. Et une candidature issue d’un pouvoir de transition soulève toujours le soupçon du déséquilibre, de l’avantage et du contrôle.

Si cette décision traduit une “volonté du peuple”, encore faut-il que ce peuple puisse s’exprimer librement, sans peur, sans propagande ni calcul d’appareil.

La grande République, une fois de plus, se retrouve à un carrefour historique : entre la continuité d’un pouvoir fort et l’espérance d’une vraie rupture démocratique.

Alors, trahison, parjure ou volonté populaire ?

L’histoire, bientôt, rendra son verdict mais le peuple, lui, semble déjà connaître la réponse.

La Fléchette de Fatoumata Harouna