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Situation confuse au Burkina : voici le film des évènements depuis le matin

today30 septembre 2022 1

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Pour l’analyste politique burkinabé Siaka Coulibaly, ce nouvel épisode d’instabilité au Burkina Faso n’est pas surprenant. Il s’inscrit dans une longue série d’événements similaires dans le pays :

Le Burkina Faso est un pays qui comporte une fragilité aux coups d’État […]. Cela est dû à une faiblesse des classes politiques, et disons des classes dirigeantes en règle général, puisque les forces morales qui devraient porter la responsabilité du retour vers la stabilité quand les crises surviennent se trouvent aussi en plein dans le tumulte politico-affairiste.   

À la place de la Nation, des dizaines de jeunes demandaient la libération du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, accusé de tentative de coup d’État et de blanchiments de capitaux sous le régime de Roch Marc Christian Kaboré et incarcéré depuis le mois de janvier 2022. D’autres manifestants exigent tout simplement la démission du président Paul-Henri Sandaogo Damiba.

En plus des revendications d’ordre matérielles, les soldats en colère dénoncent la gestion de la crise sécuritaire. Concernant les forces impliquées, l’on parle d’une partie des unités Cobra et des hommes issus d’autres entités des forces armées burkinabés, explique notre correspondant sur place.

Pour le moment, le calme est revenu. Mais les accès à la zone où se trouve l’une des résidences du président burkinabè est toujours bouclée. Même scène au niveau de l’avenue de l’Indépendance où sont situés les locaux de la Radiodiffusion-Télévision du Burkina Faso (RTB), la primature et plusieurs bâtiments administratifs. La circulation est interdite sur cette avenue. Cet axe routier serait toujours occupé pour maintenir la pression, selon une source sécuritaire.

Vers 17h heure locale, les négociations sont toujours en cours entre le pouvoir en place et les soldats mutins, selon notre correspondant à Ouagadougou, Yaya Boudani. Cet après-midi a été marqué par des tirs nourris à Ouaga 2000, non loin du palais présidentiel. Certains témoins affirment avoir vu un militaire blessé.

À Bobo-Dioulasso, deuxième ville du pays, la situation est calme depuis le début de la journée, selon un membre de la société civile contacté par la rédaction de RFI.

Au Burkina Faso, la situation est toujours confuse dans la capitale Ouagadougou. De nouveaux tirs ont été entendus dans le quartier de Ouaga 2000 et vers la présidence. Pour les habitants de la capitale, cette incertitude provoque de l’inquiétude. Écoutez ce riverain de Ouaga 2000 : 

C’est un peu inquiétant vu [la situation dans] le pays et les derniers événements. Mais on espère que tout va rentrer dans l’ordre.

Selon l’AFP, une porte-parole de la Commission européenne à Bruxelles a dit espérer que la situation « revienne rapidement au calme et que l’ensemble des Burkinabés restent unis et solidaires dans ces moments difficiles ».

Suite à la situation à Ouagadougou, le ministère français des Affaires étrangères a demandé à ses ressortissants dans la capitale, estimés entre 4000 et 5000, de rester chez eux, selon l’AFP.

Dans son communiqué publié plus tôt dans la journée, la présidence burkinabé a appelé la population à « observer la plus grande prudence » et à « rester calme face à certaines informations » relayées sur les réseaux sociaux.

De son côté, le porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo, a lui évoqué auprès de l’AFP « une crise interne à l’armée. Les échanges se poursuivent pour un dénouement sans écueil » a ajouté le porte-parole du gouvernement. Il s’agit d’une « crise militaire de certaines unités, sur la base de revendications liées à des primes et à certains traitements », souligne-t-il.

Des personnes réunies aux abords du mémorial Thomas Sankara à Ouagadougou avec des drapeaux russes et burkinabès, après les tirs entendus dans la matinée de ce vendredi.

Selon plusieurs sources sécuritaires, ce sont des revendications d’ordre financier qui sont à l’origine de ce mouvement d’une partie des éléments des forces spéciales, des soldats d’élite formés dans le cadre de la lutte antiterroriste. Des primes impayées sous l’ex-président Kaboré auraient versé, mais les nouveaux éléments de ces forces d’élite ne les auraient pas reçus. Ces derniers « se sont levés », selon une source proche du pouvoir, contactée par notre correspondant sur place. L’application de certains textes adoptés sous le régime du président Kaboré serait aussi en discussion, précise cette source.

D’autres sources pointent aussi un mécontentement dû à la gestion de la situation sécuritaire avec la dernière attaque contre un convoi de ravitaillement à Gaskindé.

Même si les tirs ont cessé depuis plusieurs heures maintenant, la situation reste toujours tendue. Le président burkinabè et le commandant des opérations du théâtre national (COTN) mènent des discussions, selon notre correspondant à Ouagadougou, Yaya Boudani.

Écoutez ce Ouagalais qui travaille au quartier Ouaga 2000, la situation est calme. Seul le tronçon routier menant à la présidence est « quadrillé par les militaires ».

Dans l’ensemble, la situation est assez calme. Il y a juste certains passages qui sont bloqués.

Un communiqué de la présidence burkinabè évoque des pourparlers en cours « pour ramener le calme et la sérénité ». Selon la présidence, la situation est due « à un mouvement d’humeur de certains éléments des Forces armées nationales ​».

À la mi-journée, les principales artères et les carrefours de la capitale sont toujours contrôlées par des militaires armés : dans le quartier Ouaga 2000, où se trouvent le palais présidentiel de Kosyam et le quartier des ministères, au rond-point des Nations unies ou encore dans le centre-ville autour du siège de la Radiodiffusion-Télévision du Burkina (RTB).

Écoutez le témoignage d’un chauffeur qui a tenté de circuler dans les rues d’Ouagadougou et qui s’est fait refouler par des barrages militaires. 

Arrivé vers la primature, j’ai constaté qu’il y avait des militaires un peu partout.  La voie était bloquée jusqu’au rond-point des Nations unies. 

Les premiers coups de feu sont partis de la zone ministérielle de Ouaga 2000, dans la zone située entre l’ambassade des États-Unis et le Palais des sports de Ouaga 2000. Le président Paul-Henri Damiba y était, mais il aurait été exfiltré par sa garde, selon notre correspondant sur place.

La zone où se trouve la villa du président est toujours bouclée. Une partie du quartier de Ouaga 2000 est inaccessible. La Primature, la Radiodiffusion-Télévision du Burkina Faso et le rond-point des Nations unies sont quadrillés, toute circulation y est interdite.

Avec RFI

Écrit par: Razakou Moussa

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